Théo, Zoé, Léo et les autres…

5 août 1914

Eulmont, mercredi 5 août

Ma chère et bonne Cécile

Quelle singulière vie nous menons ici. Tout le monde sauf peut-être moi a l’impression d’un danger prochain et de fait cette absence de nouvelles aussi bien de l’intérieur que de l’ennemi est angoissante.

J’ai encore répété au colonel que je ne croirais à la guerre que quand j’entendrais siffler les balles et j’arrive à faire partager mon idée.

Quant aux hommes, ils sont toujours admirables malgré le temps qui parfois est déprimant.

Ma popote continue à bien marcher malgré la rareté des vivres ; il est vrai que nous avons la viande, le café, le riz ou pois secs.

Hier nous avons eu alerte, on est venu nous annoncer que les gens de Nomeny fuyaient devant les uhlans. Départ du régiment pendant la nuit, marche dans les bois en terrain accidenté puis pause pendant toute la nuit sans résultat, mais dans une attente fébrile, on croit voir de s ombres partout. Je charge mon revolver et je…. M’endors dans le fossé. Réveil plutôt glacé et retour à Eulmont à 5 heures.

Aujourd’hui attente dans le village mais toujours pas de nouvelles.

Je vais essayer de trouver un moyen pour te faire parvenir cette lettre, mais avant je voudrais encore te redire de continuer à être ferme, de ne pas songer à ce que cette période peut amener d’imprévu en un mot de conserver le courage dont tu n’as jamais cessé de faire preuve. Je sais bien que dans une certaine mesure j’aurais pu me dispenser  du devoir qui m’incombe, mais aurais-je pu me dispenser de servir soit dans la territoriale soit sur les voies ferrées, mais là le péril est absolument le même et certes il me reste encore trop de vigueur et de force pour me confiner en un pareil moment dans un rôle de pompier.

Clément cette nuit, me voyant chargé comme une bourrique avec les paquets que tu m’as envoyés et dont j’avais comblé mon sac, s’extasiait avec un autre camarade sur la façon dont je grimpais les côtes de Faulx cette nuit. Et de fait, je me sens une verdeur, une ardeur d’aller en avant qui me réconforte un peu, si peu entraîné que je suis.

Puis de savoir que tu peux arriver à surmonter un peu tes tourments cela complète mon courage.

Je ne t’en aime que davantage ma chérie et le reste de ma vie ne servira qu’à te le prouver, je te le jure.

Je t’embrasse mille et mille fois.

Ton tout à toi.

J.Druesne

Embrasse bien fort Loulou et dis lui de continuer à te donner satisfaction.

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5 aout 1914 (JMO du 37e RI)

La 5eme Compagnie va relever à Montenoy la 7eme Compagnie.

Une compagnie du régiment est désignée pour occuper Lay Saint Christophe et garder les ponts sur l’Amezule jusqu’à la Meurthe (1ere Cie)

15h

Sur la lisière N du plateau de Faulx, les dispositions suivantes sont prises:

La compagnie de G.G. de Montenoy est supprimée et 2 grand’Gardes sont installées : 1ere G.G. (1ere Cie) près l’intersection de l’ancien chemin stratégique avec le chemin Eulmont -Montenoy détachant une section à Montenoy et une escouade au col entre Bratte et Moiron. G.G. n°2 (1ere Cie 1ere section Bis) près l’intersection de l’ancien chemin stratégique avec le chemin Lay-St Christophe – Faulx, détachant une section à Faulx et une escouade au col de Bratte. La 5eme Cie qui avait quitté Eulmont à 9h13 pour s’installer en G.G. à Montenoy, va occuper les emplacements de la G.G.n°1 ; la 8eme Cie va occuper ceux de la G.G. n° 2.

Cartographie du 5 août 1914

 

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