14 octobre
Toujours la même situation. Même état de santé… Et toujours pas de nouvelles depuis le 25 septembre, c’est à dire de lettres antérieures à cette date. J’écris aujourd’hui à Robert. La pluie a continué toute la matinée, mais j’ai été maintenu au cantonnement avec mon Drapeau, par conséquent, j’ai encore bénéficié du bon lit en question : délices !!
Cette nuit les Allemands ont tiraillé abrités dans leurs tranchées. Ils ont fait un feu d’enfer pour nous obliger à sortir des nôtres, mais ça n’a pas pris, seuls les gradés chargés de surveiller ont écopé. C’est ainsi que le mari de l’institutrice de Laxou, le sergent Bêtise qui venait d’être nommé adjudant, a été blessé légèrement si on considère la gravité de la blessure, elle-même, en effet une balle est entrée à l’épaule, partie derrière et arrêtée à l’omoplate, où elle est encore. Je m’étends sur le cas d’abord parce que je suis libre ensuite parce que l’indisponibilité de ce sous-officier est une perte pour le régiment, car il était chargé des mitrailleuses et fanatique de son métier faisait vraiment de la belle besogne. De plus, c’est un bon soldat. Si par hasard tu voyais sa femme, tu pourrais lui parler de l’admiration que j’éprouve pour lui. J’avais essayé de le faire évacuer en auto, mais quand je suis arrivé avec mon véhicule, il était parti. Le médecin m’a assuré que dans 8 jours, il serait guéri et pourrait reprendre son service dans 10 ou 15 jours.
Ce fut un des rares blessés de cette nuit ou il fut brûlé une quantité énorme de cartouches. Malgré la faible distance qui me séparait du combat ou plutôt de ce tir aux moineaux, j’ai dormi comme…je sais dormir.
A demain.
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14 octobre 1914 (JMO du 37e RI)
Stationnement dans les mêmes conditions que la veille. Organisation du front de Foncquevillers.
Le Bataillon du 37e qui était en réserve à la sortie Ouest de Foncquevillers relève sur le front le bataillon du 153e qui passe en réserve.
Cartographie du 14 octobre 1914