Le 22 germinal an XI (12/4/1803) une loi instaurait le livret d’ouvrier et selon l’arrêté du 9 frimaire an XII (1/12/1803) puis de la loi du 14 mai 1851 tous les“ouvriers de l’un et l’autre sexe attachés aux manufactures, fabriques, usines, mines, minières, carrières, chantiers, ateliers et autres établissements industriels ou travaillant chez eux pour un ou plusieurs patrons devaient s’en procurer un auprès du maire. L’ouvrier ne pouvait travailler sans le présenter, ce livret devait énoncer: le nom, prénom de l’ouvrier, son âge, le lieu de sa naissance, son signalement et sa profession. Il devait y être noté si l’ouvrier travaillait habituellement pour plusieurs patrons ou s’il était attaché à un seul établissement. L’ouvrier était tenu de présenter son livret à toute réquisition des agents de l’autorité sinon il était considéré comme vagabond et pouvait être arrêté et puni comme tel.
Frédéric Célestin Bonnefille naît le 12 octobre 1852 (alors que Napoléon III va être proclamé empereur) de Jacques, maçon tailleur de pierres et de Claudine Gilles à Tresbos , un petit hameau lozérien dépendant de Laval-Atger où sa naissance a été déclarée. Il est le troisième enfant d’une fratrie de 9 enfants dont les deux ainés et la 7ème, une petite fille décèdent avant l’age de 5 ans. Frédéric se retrouve alors l’ainé de 5 sœurs.
Il a sans doute été un peu à l’école car il sait signer et a une belle écriture. Il apprend le métier de maçon tailleur de pierres avec son père chez qui il travaille de 1871 à 1879. Son mariage avec Julie Eugénie Marie Viala, le 3 octobre 1879 a lieu dans le village d’origine de la jeune épouse à Saint-Christophe d’Allier (Haute-Loire).
C’est à ce moment que lui est délivré son Livret d’ouvrier. Selon la description Frédéric n’était pas très grand (1m60), avait les cheveux châtains et les yeux gris. Son visage de teint mat était ovale et “tacheté de petite vérole”, sa bouche était grosse; son nez, moyen et son menton rond.
Le premier employeur inscrit est Monsieur Baptiste Josse, il y travaille du 3 août 1879 au 5 août 1880, Frédéric habite alors à Condres (Lozère) et c’est à cet endroit que naît le 6 février 1880 son premier fils Ferdinand (qui restera célibataire et deviendra professeur de lettres dans un lycée parisien) .
C’est ensuite un entrepreneur de Saint Bonnet de Montauroux, Monsieur Dégand qui l’emploie toujours comme maçon tailleur de pierre pendant environ deux ans, cet employeur semble satisfait car il écrit qu’ “il a pendant ce temps fait preuve de capacité et d’intelligence”. Son second fils, Théodore naît le 11 mai 1882 à Saint Bonnet de Montauroux.
Puis Frédéric travaille chez Monsieur Tournier du 28 août au 3 octobre 1882 comme maçon, et part à Alais (maintenant Alès) dans le Gard pour travailler comme manœuvre aux hauts-fourneaux de l’usine de Tamaris, une compagnie de fonderies et forges, du 17 octobre 1882 au 16 avril 1883.
Jusqu’au mois de novembre 1889, il travaille tantôt pour la Comtesse de Ribains qui se déclare “très satisfaite soit comme travail, soit comme moralité”, au Château de Jagonzac (Haute Loire) comme maçon tailleur de pierres; tantôt chez Monsieur Martel de Mazemblard où il fera le même genre de travail.
Durant cette période il construit aussi sa maison au Trémoul commune de Saint-Christophe où naît une petite fille Marie-Julie, le 4 mai 1887 (morte à l’âge de 10 ans). Ayant sans doute du mal à trouver du travail dans sa région, il repart à l’usine de Tamaris à Alais où il travaille cette fois comme maçon au service des hauts fourneaux du 18 janvier 1890 au 28 juin 1895.
Je ne sais pas si sa femme le rejoint à Alais après la naissance d’Alphonse (mort en 1918 en laissant une veuve et un fils) qui a lieu le 2 avril 1890 à Tresbos chez les parents d’Eugénie , où si elle le rejoint plus tard. Mais le dernier travail noté dans le carnet d’ouvrier de Frédéric est daté du 29 juin au 16 août 1895 à Saint Martin de Valgalgues près d’Alais. Ils ont dû y rester quelques puisque leur dernier enfant Eugène y naît le 18 mars 1896 .
Je ne sais pour l’instant où il a travaillé jusqu’à sa mort le 7 janvier 1909 à Tresbos, il avait 56 ans. Sa femme Eugénie lui survivra plus de quinze ans.