Mamie, un surnom qui veut dire douceur et tendresse…
Germaine était mon autre grand-mère. Bien sûr vous connaissez maintenant Mamita (Madeleine) qui a pris déjà beaucoup de place dans ce blog de par son caractère et sa personnalité, mais j’avais comme beaucoup, une autre grand-mère: Germaine qui elle, malheureusement n’a jamais écrit ses souvenirs. Elle est décédée avant que je ne lui demande…
Germaine avait un caractère doux et effacé, mais elle a été une grand-mère « gâteau » comme j’en souhaite à tout le monde!
Fille de Léopold et de Marthe, Germaine est née en janvier 1901. Premier enfant du couple, elle aura ensuite une soeur Anne-Marie et deux frères: Pierre qui décédera à 6 mois et Jean. Grâce aux photos prises pas son père, on la voit grandir, enfant sage et timide à coté d’une soeur espiègle et un petit frère de huit ans plus jeune. Je sais peu de choses de son enfance, mais je l’imagine comme une enfant studieuse et obéissante. Contrairement à ses parents très artistes et à sa soeur qui fera le conservatoire, elle choisit des études de Mathématiques (nous sommes en 1920 à Nancy) peu prisées par les filles. Elle perd son père dont elle parlera toute sa vie avec tendresse lorsqu’elle a 21 ans.
Elle termine brillamment ses études et c’est sans doute lors d’un bal d’étudiants qu’elle rencontre Gustave élève ingénieur à « l’electro », des bals où elle est bien sûr chaperonnée par sa mère et accompagnée de sa soeur Anne-Marie. Il semble qu’elle ait enseigné quelques années puis s’est mariée en 1926 à Malzéville, et a suivi son mari à Béthune ou il était ingénieur des Mines. Deux fils naîtront de cette union, mon père et mon oncle. Germaine deviendra donc femme au foyer, l’a-t-elle regretté, il n’y a personne pour me le dire… Elle s’occupe donc de ses fils, coud, cuisine, jardine…
Je sais peu de choses sur la vie de mes grands parents paternels entre 1930 et 1950, à part quelques bribes sur la période de la guerre… bombardement, exode, réfugiés à Paris, maladie de Gustave, retour dans le nord …
J’ai peu connu la maison de Mazingarbe où ils habitaient, et à la retraite de mon grand-père, ils se sont installés dans la maison des parents de Germaine à Malzéville. Et là a commencé mon bonheur de petite-fille…
Au début, je passais des petits séjours avec ma cousine Chantal qui avait le même âge que moi, nous jouions avec nos poupées (achetées par correspondance au journal « Modes et travaux » auquel était abonné Mamie) habillées grâce aux patrons trouvés dans la revue et aux chutes de tissu des robes de Mamie, nous ramassions dans le jardin tout en longueur, les groseilles, les framboises et les fraises qui se transformaient dans la cuisine en confitures parfumées ou en tartes savoureuses.
Parfois, Mamie m’emmenait au « Guignol » de la pépinière à Nancy, j’adorais et ne savais pas à l’époque que Léopold avait fait des représentations de Guignol à Malzèville; à l’entracte, il y avait toujours un petit jeu de questions auxquelles j’aimais répondre car cela permettait de gagner des places … Mamie était donc obligée de m’emmener la semaine suivante!
Mais mes meilleurs souvenirs datent du moment où j’ai pu prendre le bus (le 8) direct entre Nancy et Malzéville, seule ou avec mon « petit » frère Laurent. J’y allais pratiquement tous les jeudis puis mercredis.
J’y arrivai parfois la veille, pour pouvoir écouter les pièces de théâtre à la TSF (comme disait mes grand-parents) ou plus tard regarder à la télévision (que nous n’avions pas à la maison) « la piste aux étoiles » ou « les dossiers de l’écran » (dont j’entends encore la musique du générique un peu solennelle). Le lendemain matin, je faisais mes devoirs avec mon grand père et avait le droit d’utiliser ses « crayolor » pour colorier mes cartes de géographie ou pour dessiner. Nous allions parfois ensuite à la bibliothèque chercher des « sylvain et Sylvette », et des « Michel Vaillant » et des « Bob Morane » pour mes frères. Après le repas à la fin duquel nous avions toujours droit à notre pâtisserie préférée du moment, nous faisions pendant des heures des parties de nain jaune ou de pronostic (si, vous qui lisez ce texte, connaissez ce jeu de carte, je serai heureuse d’en retrouver les règles…). Une fois la télé arrivée, nous jouions moins longtemps pour pouvoir regarder « skippy le kangourou » ou « flipper le dauphin »… qui passaient après « aujourd’hui Madame » que regardait Mamie.
Vers 12 ou 13 ans, ces milieux de semaine ne me suffisaient plus , je demandais aussi à passer le samedi soir lorsque nous devions faire un repas de famille le dimanche. Je dormais alors dans une des deux chambres du « second » (étage) qui était pour moi le paradis… des dizaines de livres étaient rangés dans une bibliothèque, j’ai du les lire presque tous, certains plusieurs fois. Je lisais très tard et m’évadais avec tous les Contesse de Ségur, puis les Alexandre Dumas, les Jules Verne, les Agatha Christie…. Et mon bonheur fut complet lorsque je découvris un jour, dans une grande commode entreposée dans une petite pièce dont la porte vitrée avait été peinte comme un vitrail, les aquarelles de Léopold…
Bien sûr, adolescente, je n’allais plus aussi souvent chez mes grands parents mais toujours régulièrement jusqu’au décès de Mamie en 1977. Gustave est resté quelques temps seul, mais sans sa moitié, il était perdu et a du s’installer dans un studio d’une maison de retraite jusqu’à ce qu’il nous quitte à son tour en 1981. La maison de Malzèville, a alors été vendue, mais je me suis précipitée pour récupérer les trésors découverts: les oeuvres de Léopold et les correspondances d’Auguste…
Je garde une profonde tendresse pour elle.
Tu l’as bien dépeinte aussi, je vais me perdre dans tes liens avant d’aller admirer ta trouvaille du jour.
Encore une jolie note, et pas mal de souvenirs pour moi aussi !
Skippy, Flipper c’était super !!!
Bonne journée
Cette émouvante description d’une période d’enfance proche de la mienne m’a beaucoup touché.
Mais surtout l’évocation de coloriages avec les CRAYOLOR… . vers 1958 (j’étais alors en classe de quatrième) , un camarde me prêtait sa boite, qui était le grand modèle à 2 tiroirs superposés, et durant les cours de français, je l’utilisais en cachette sous mon pupitre. Dans mon souvenir, la boite était vert sombre avec une une étiquette couleur marquée CRAYOLOR représentant un arc en ciel, et légendée « toutes les nuances du spectre solaire »
Au dos de la boite, une étiquette donnait la liste des couleurs (au nombre de 48 ? mais là, je ne sais plus trop )
. les crayons étaient du genre crayons à la cire, donc sans aucun habillage de bois ou de papier, mais richement pigmentés ( pas comme les crayons à la cire d’aujourd’hui ).
Proust avait l’odeur des madeleines pour retrouver son enfance. Pour moi, ce serait plutôt revoir cette boite magique avec sa riche palette de couleurs.
Et si jamais vous connaissez quelqu’un qui connait quelqu’un … qui pourrait me dire ou voir ou photographier une telle boite, je vous en serais très reconnaissant
Jacques
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