F comme Faire Fortune

Oui faire fortune ou plutôt vouloir faire fortune…
Un de mes ancêtres Pierre Foucher a raconté ses souvenirs dans un livre en 1845 sans doute encouragé par son gendre Victor Hugo.
Il raconte au début de son ouvrage la rencontre de ses parents et comment son père René a voulu faire fortune au Canada…

« Le tabellion avait une grande tendresse pour Syette, sa fille unique, il ne la grondait que quand la petite quittait sa quenouille pour prendre le livre que son cousin Yvon lui prêtait, et il la grondait souvent. J’ai une vieille tante maternelle qui m’a dit que la lecture avait développé trop promptement le cœur de ma mère et l’avait disposée à accueillir celui qui plus tard devint son mari. Cette inclination chagrina ses parents qui voulaient en faire une ursuline et la placer dans un couvent, où il y avait déjà deux religieuses de la famille.
 Je tiens de la même vieille tante ce que je vais dire de la liaison qui s’établit entre Langeais et Blain.

 Mon père eut, un jour, la fantaisie de suivre jusqu’à destination des fruits secs et quelques tonnes de vin tourangeau qu’un négociant de Nantes, qui avait reçu de lui cette pacotille, envoyait dans le Canada, sur un bâtiment armé, attendu que nous étions alors en guerre avec l’Angleterre. Mon père se tira heureusement de cette expédition. De retour en Anjou, il fit un commerce forain, parcourant les provinces voisines de la Bretagne; il vit Syette David, pour la première fois, à la grande foire de Nantes, dite foire nantaise. Cette rencontre lui fit prendre, à lui et à son chariot, la route de Blain. Il s’obstina à vouloir y débiter ses marchandises et ses tendres protestations, et cela, au grand détriment de ses affaires, car l’argent était rare dans la contrée, les étoffes étrangères peu recherchées, et les pères de famille ne sympathisaient nullement avec les gens à professions nomades.

Mais mon père était têtu, il ne se découragea point. Il finit par être agréé de Syette et apprit d’elle qu’on voulait pour gendre un homme qui possédât au moins quelques journaux de terre. Le jeune amoureux eut bientôt pris une résolution. Il retourne à Nantes, refait une pacotille et prend de nouveau le chemin du Canada, dans la vue de se former un capital. Il n’était pas né heureux. Embarqué sur un vaisseau de l’État, où à l’aide d’un ami il s’était fait classer comme voilier, il fut pris par les Anglais à l’entrée même du fleuve Saint-Laurent, fut conduit, avec tout l’équipage français, à Québec, dont l’ennemi venait de se rendre maître, et resta pendant trois à quatre ans enfermé dans les casemates de cette capitale d’outre-mer.
 A la paix, mon père, revint à Langeais; ses parents étaient morts, dans l’intervalle, de ces fièvres endémiques qui, de temps à autre, font encore des ravages sur cette partie de la Loire. La succession avait été gaspillée. L’héritier légitime n’entendait rien aux procès , il s’en alla à Nantes et il y apprit que Syette était elle aussi orpheline. Le jour même de cette nouvelle, il s’en alla à Blain et y fut mieux reçu qu’à sa première tentative; Yvon Marsac entreprit cette négociation qui réussit. On arrêta en famille qu’aussitôt après les noces, les époux iraient s’établir à Nantes; ceci se passait en 1766. »

Après vérifications dans les archives, René n’était pas commerçant de pacotille mais maître cordonnier et il est bien monté dans un bateau mais vers les Antilles… Mais peut-être n’ai je pas tout découvert!
Comme quoi, il faut toujours vérifier les informations…

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