N comme Naissance

Mita1932
La naissance de François

Je ne peux resister en ayant choisi ce mot de vous faire lire les souvenirs de Madeleine lors de la naissance de ses enfants…

Madeleine vient de se marier… « Enfant gâtée que j’étais, j’avais demandé à mon cher mari qui désirait tant des enfants car il était le dernier de sa famille et il fallait continuer « la lignée », d’attendre un an avant de donner naissance… à un fils ! Il accepta et ce n’est donc que un an et neuf mois après notre mariage, c’est à dire le 10 juillet 1927 que naquit notre Monique. Accouchement bien long puisque je souffris de huit heures du soir au lendemain douze heures juste ! C’était une fille… Vous qui me lisez, que ce soit fille ou garçon, accueillez-le dans la joie la plus totale, même si ce n’est pas celui ou celle que vous désirez. Je n’avais pas eu de frère et je pensais toujours au « fils » que j’aurais. Maurice qui désirait tant un descendant démontra moins que moi, je crois, sa déception. Et pourtant nous avions le plus adorable poupon qui puisse exister : facile, joyeuse, jolie ! Nous l’habillions en pantalon et l’ appelions « baby », nom qui pouvait s’appliquer aussi bien à un garçon qu’à une fille.
Ma grande joie fut de nourrir ce petit être : se sentir « mangée » par cette petite bouche avide, est une sensation merveilleuse. L’amour et l’allaitement sont les deux plus grands plaisirs que Dieu a donnés au corps humain. J’allaitais encore quand, en décembre, je m’aperçus que j’étais à nouveau enceinte. Fini les « tétées » mais l’espoir d’avoir un fils nous fit accepter avec joie cette deuxième grossesse. Hélas ! en mars ayant raté mon train : Thourotte à Compiègne, je pris ma bicyclette et, en forçant l’allure, je réussis à avoir mon train pour Paris. Un mois après, vers dix heures du soir, hémorragie ! Le Dr Léonard, appelé en toute hâte, ne put qu’aider la fausse couche à se terminer. J’étais bouleversée.
Après une fausse-couche, on est, paraît-il, très vite enceinte à nouveau. C’est ce qui m’arriva. En décembre 1928, je m’aperçus à nouveau que j’étais enceinte et le 20 septembre 1929 naissait, après seulement quatre heures de douleurs, un beau gros garçon de quatre kilos, à midi juste lui aussi. Je vois encore, à 85 ans, le Dr Léonard lui donnant une bonne fessée en le tenant par les pieds, pour le faire crier, car il était bleu, ayant eu le cou entouré par le cordon.
Quelle émotion pour ce père dont le coeur battait de joie à la vue de son « Fils », celui qui le continuerai. Le Docteur parti, tout rangé, la maman remise de ses émotions, le repas pris, la maison s’endormit dans son bonheur. La jeune accouchée – moi ! – dormait dans le grand lit et mon mari avait adopté un lit dans la chambre à côté. Vers 2h du matin, je fus réveillée, malgré le grand silence qui régnait dans la maison, par le bruit de pas furtifs. Puis le cri d’un bébé, qu’on réveille, retentit. C’était mon pauvre cher mari qui, tel « l’Oie du Capitole » (combien de fois ne lui a-t-on pas donné ce nom !!), inquiet du silence du nouveau-né, était allé le secouer pour être sûr qu’il était bien vivant !! Le cordon autour du cou et peut-être aussi le souvenir de « l’Autre » qui n’avait pas vécu, empêchait notre « Père Poule » de dormir tranquillement. »

et quelques année plus tard…:  » Le 3 août 1932 naissait un autre fils François. Pour le premier je désirais : Christian et mon mari François, en souvenir de son grand-père qui l’avait tant marqué ! Nous transigeâmes en : Alain. Pour le second, je ne me sentis pas le courage de priver mon mari d’avoir un François ; et j’en suis récompensée, car ce François, a toujours été heureux d’avoir le nom de son arrière grand-père, sur la tombe duquel il va tous les ans à Montigny-sur-l’Ain.
Trois enfants. Je n’en désirais pas plus. Mais dans ce temps-là, il n’y avait pas la pilule et le quatrième s’annonça en 1935. J’avoue que j’étais très contrariée. Mon cher mari me promit un manteau de fourrure si je ne… rouspétais plus !! Marché conclu ! Et le 5 septembre, à 3h du matin, après des heures de douleurs toujours les mêmes !! naissait une jolie petite fille. « Fille aînée pour aider. Fille dernière pour consoler ». Ce qui fut très vrai, car notre Monique a été une seconde mère pour ses deux frères et pour cette sœur qu’elle désirait tant et pour l’arrivée de laquelle elle avait fait brûler un cierge à Onival avec sa grand-mère. »

Vous pouvez lire les autres souvenirs de Madeleine

One thought on “N comme Naissance

  • 16 juin 2016 at 9 h 24 min
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    Comme elle a bien fait d’écrire Madeleine.
    Trop mignon, merci pour cette lecture sur tous les tons de l’émotion et du plaisir. Bonjour
    et à bientôt.

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