13 octobre 1914

Sailly au Bois (Pas de Calais) 13 octobre 1914

Ma bonne Cécile

Je commence ma lettre aujourd’hui, mais je ne te l’enverrai que dans quelques jours, car, en l’absence de tes réponses, je me figure que nos lettres ne nous sont pas remises parce que nous en abusons. Je ne t’écrirais donc plus que deux fois par semaine, ou plutôt je ne t’enverrai mes lettres que 2 fois par semaine, car chaque jour je continuerai à venir m’épancher par cette feuille.

Toujours même situation, c’est à dire calfeutrage depuis 9 jours dans des tranchées à 100 mètres à peine des allemands aussi bien retranchés que nous. Heureusement chaque soir, le colonel me fait rentrer au village où je m’abrite pour le mieux, tantôt dans la paille, sur un matelas ou bien comme la nuit dernière… dans un lit ! Je me croyais dans la ouate. J’y ai eu toutes les illusions… du lit ! Pauvre moumouche, pauvre moi !!

Aujourd’hui, gâté par cette faveur, j’ai demandé au colonel si en raison de la pluie, je ne pourrais pas rentrer le drapeau au village pour l’abriter. Sur sa réponse affirmative, je suis rentré avec lui, le drapeau. C’est autant de pris sur l’ennemi. A propos de cet ennemi, on ne sait plus quoi penser , celui qui est devant nous est usé, anéanti. La nuit dernière dans une maison dans laquelle ils s’étaient retranchés, nos troupes ont sorti un capitaine, un lieutenant, et 20 prussiens, le reste d’un bataillon de la garde. Ce n’est qu’à cause de leurs forts retranchements, je crois qu’on ne veut pas risquer la vie de nos soldats, la consigne paraissant être de faire durer le temps. Attendons donc. Cette combinaison d’ailleurs permet d’atténuer la plupart des inconvénients de la campagne, 1° en ce qui me concerne pour le logement, 2° pour la nourriture, en effet notre cuisinier reste également au village où il prépare tout et je fais expédier à travers les obus, qui ne chôment pas eux, le manger à ceux d’entre nous qui ne peuvent pénétrer au village. Notre nouveau colonel est souvent de ce nombre. Comme tu le vois, je ne suis pas à plaindre en ce moment. C’est ce retard de la correspondance qui m’énerve d’autant plus que je voudrais savoir si tu as reçu le bon du trésor de 200 francs que je t’ai envoyé, ainsi que la feuille rose qui t’a été retournée par les voies de l’intendance et que tu trouveras peut-être à la sous intendance de Nancy.

A demain.

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Le 13 octobre 1914 (JMO du 37e RI)

Le colonel de Lobit commandant la 77e brigade prend le commandement du secteur du Centre et transporte son poste de commandement à la sortie ouest de Foncquevillers. Ce secteur est limité au Nord par la lisière Sud Est de Bienviller, jusqu’à la lisière Nord de Hébuterne.

Le colonel Lacapelle vient prendre les fonctions de Commandant d’armes de Foncquevillers en remplacement du commandement Krafft.

Le régiment est renforcé le 13 au soir par un détachement: 1er 2 officiers et 188 hommes de troupe venant du dépôt; 2e 174 hommes de troupe venant du 92e Territorial et du 115e territorial; 3e 150 soldats venant du 72e territorial.

Les 9e et 12 e compagnies sont réformées. Le commandant de Haute-Cloque prend le commandement du 3e bataillon. Le capitaine Javelier conserve le commandement du 1er bataillon. Officiers venus du dépot: Lieutenant Ferry, Lieutenant Buferne, le capitaine Bourjade, et le lieutenant Labriet qui avait été évacué, rejoint également. Les troupes de la garnison de Foncquevillers sont  du nord au sud: 1 bataillon du 26e, 1 compagnie du 2e Chasseurs, 2 bataillons du 37e, 1 bataillon du 153e, 1 bataillon du 69e face à Gommecourt et 2 bataillons du 21e (1 bataillon) et 22e (1 bataillon) territorial.

Cartographie du 13 octobre 1914

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